[ITW] Avec Comme un ours, Alexis HK nous balade de l’ombre à la lumière

22 mars 2019 /// Les interviews
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Alexis HK pourrait très bien être cet ami avec lequel on referait le monde – monde qui en a bien besoin ceci dit en passant ! Avec son album Comme un ours, le chanteur nous propose une vision factuelle de l’air du temps et nous balade de l’ombre à la lumière avec ses 12 titres. À retrouver chez Les passagers du Zinc, samedi 22 février 2020. Interview réalisée en mars 2019.

Comme un ours, personnel et intime

Nous avons pu lire dans la presse que vous vous étiez isolé pour écrire cet album. À son écoute, on vous imagine à la table, entrain de composer, avec la porte ouverte, comme une invitation à venir vous voir et à revenir. Effectivement, on revient assez souvent pour écouter les différents messages et autres couches qui structurent vos chansons. Est-ce que vous souhaitiez celaAlexis HK ?
Lorsque j’entends dire que l’on revient sur l’album, c’est une bonne nouvelle car les disques passent très très vite et si on y revient, ça empêche de les laisser mourir. C’est assez difficile de savoir, à l’avance, quel effet un album va produire. Avec celui-ci, je savais qu’il y aurait une part assez sombre et que j’allais me priver d’une partie de l’auditoire qui n’aime pas entendre ces choses, ce que je peux comprendre.

Votre précédent opus Georges et moi a rencontré un vif succès. Cette peur de perdre une partie du public était donc réelle.
Non, parce que je ne suis pas tant angoissé par ça. Bien sûr, j’ai envie que mon projet avance et plus on a d’auditeurs, plus on est content, personne ne vous dira le contraire. Après, je pense qu’il faut faire les choses assez instinctivement. Je savais que ma démarche était assez saine pour ce disque : je voulais quelque chose d’assez personnel et d’intime. Donc, je suis allé un peu au bout de cette démarche.
L’auditoire de toute façon ne nous appartient pas. On est content quand on en a, un peu moins quand il baisse et si on n’en a plus, il faut faire quelque chose d’autre dans la vie. rires. Mais nous n’en sommes pas là, du tout, du tout.

Lorsque l’on écoute votre album, on y décèle deux parties. La première raconte les maux de notre société et la seconde, les lieux, les personnes, auprès desquels on peut retrouver un certain réconfort.
Merci pour ce résumé qui me convient très bien. Là, pour le coup, vous l’avez entendu comme je l’ai un peu imaginé. Je voulais aller de l’ombre à la lumière. Revenir aux fondamentaux qui peuvent nous aider à sortir de cette ombre. Je pense que l’on peut en parler en chanson.

À la fin des 12 chansons qui composent votre album, on est tenté de vous demander ceci : qu’est-ce qui vous énerve et qu’est-ce qui vous apaise le plus ?
Je crois que le brouhaha des chaînes d’informations m’insupporte. Ça ne nous laisse jamais réfléchir car ça va appuyer sur une information par jour. Elles ont beaucoup de poids sur l’esprit des gens. S’il y a quelque chose qui m’agace, c’est cela, cette culture de l’information en continu. Ce bavardage incessant est très fatigant pour notre concentration.
J’ai beaucoup de choses qui m’apaisent et j’ai beaucoup de chance. Lorsque j’arrive chez moi, dans ma maison au milieu du vignoble nantais, l’environnement m’apaise. Je suis apaisé en permanence pour l’instant. J’ai un gamin que j’aime, une femme que j’aime, un métier que j’aime, j’ai plutôt tendance à ne pas jouer les plaintifs.

La scène, la tournée, les potes

Est-ce qu’à l’écriture de l’album, vous pensiez déjà à l’aspect scénique ?
J’avais déjà écrit quelques chansons que j’avais tournées en solo. J’avais une trame de narration que je voulais réutiliser en mettant en scène un collectif musical. Donc, c’est un travail qui s’est fait en deux : j’ai rôdé les chansons et le speech en solitaire durant une quinzaine de dates. Ensuite, j’ai réécrit pas mal de choses en gardant la base. J’ai demandé à Nicolas Bonnaud de m’aider à la mise en scène. Je voulais quelque chose de marrant et profond. Et c’est exactement ce qu’il a fait. Je suis très content de cette mise en scène que je trouve très simple et très jolie.

Depuis le début de votre tournée, quels plaisirs éprouvez-vous sur scène ?
La réaction du public nous ravit. Elle est très élogieuse et rassurante. On le sent heureux et satisfait à la fin des concerts. C’est quand même cela le plus important. Ensuite, c’est agréable de partager cela avec des personnes que l’on adore : les blagues, la musique, les applaudissements. C’est un travail d’équipe.

L’appli No Disc, le pendant virtuel du disque

Pouvez-vous nous parler de l’application No Disc. Est-ce une manière de lutter contre le streaming ?
On ne peut rien faire contre le streaming, mais on peut agir sur la redistribution des revenus. C’est formidable de pouvoir écouter toutes les musiques que l’on souhaite pour pas trop cher. Je ne suis pas favorable au temps lorsque le moindre album coûtait 25 euros ! Vous ne pouviez pas vous acheter l’album. Par contre, je trouve qu’il y a une pauvreté dans le streaming car les artistes sont un petit trop les uns sur les autres. No disc est un espace où les artistes montrent leur différence et leur spécificité. C’est un espace de création.

Comment cela fonctionne-t-il ?
Ils sont financés, en libre participation, par leur auditoire. Cela donne de l’autonomie à l’artiste. Il est soutenu et il est en contact avec son public auquel il raconte ce qu’il veut. Il peut faire des vidéos, écrire des choses… On est plus impliqué dans la vie de l’artiste et c’est moins un affichage publicitaire. C’est en cela qu’il y a une vraie différence avec le streaming. No Disc est un mélange entre MySpace et le Crowfunding pour dire à l’artiste qu’il a droit à un espace et que les gens qui l’aiment peuvent l’aider.

L’auditeur redonne de la valeur à l’artiste. Cela peut être perturbant car comment définir une somme correcte ?
C’est possible. C’est une idée qui reste à peaufiner. Notre principe de base est là et je trouve très bien que ce soit en libre participation. Sur les 110 abonnements que l’on a aujourd’hui, certains on donné 10 centimes, 5, 10 ou 15 euros. Ceci nous met dans l’obligation d’être créatif.
Je dois pondre un billet d’humeur tous les 15 jours, on fait des vidéos dans les loges et j’ai envie qu’il y ait de plus en plus de contenus. No Disc est le pendant virtuel du disque.

Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Photographies : Pierre Leblanc

!!CONCOURS!!

Alexis HK est en concert à l’Auditorium Jean Moulin – Le Thor, le mercredi 3 avril. À cette occasion, Ouvert aux Publics vous invite. Gagnez 2 places sur la page FB du blog (jeu ouvert jusqu’au 26 mars. Tirage au sort le 27).

Générique et liens

Chant, guitare acoustique, ukulélé Alexis HK | Contrebasse Simon Mary | Violoncelle Julien Lefèvre | Claviers, guitares, machines Sébastien Collinet | Mise en scène et dramaturgie Nicolas Bonneau | Création lumières Rodrigue Bernard

Lien vers le site d’Alexis HKet les dates de la tournée ici
Lien vers No Disc

À retrouver chez Les passagers du Zinc, samedi 22 février 2020.



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