[ITW] La compagnie Le Bruit de la Rouille pour Antoine et Cléopâtre

26 janvier 2020 /// Les interviews
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Quelques questions à la compagnie vauclusienne Le Bruit de la Rouille. Et réponses à trois voix.

Invités par les Scènes d’Avignon, ces jeunes comédiens, issus du Conservatoire de théâtre d’Avignon comme plusieurs programmés dans cette édition du Fest’Hiver 2020, viennent de créer Antoine et Cléopâtre de Shakespeare : première absolue après quelque trois ans de travail ! Œuvre collective au sein de la compagnie vauclusienne Le bruit de la rouille : soit Mélaine Catuegno, fondatrice et directrice artistique de la compagnie, Thibault Patain ici à la direction d’acteurs, Vivien Fedele, Julien Perrier et Alexandre Streicher éclairés par Amandine Richaud : quatre comédiens au plateau pour une dizaine de personnages, un spectacle à l’arrache, saignant, épique, érotique, ironique, tragique, politique. Presque un jeu d’enfants, mais un engagement et une maturité étonnants. Une réussite !
Réponses à trois voix de Mélaine, Thibault et Julien.

Frais émoulus des Écoles, vous vous attaquez à Shakespeare. Même pas peur ?
Oui, ça fait peur, car la pièce brasse énormément de thématiques très importantes, c’est un monument, mais on a voulu le désacraliser.

Et pourquoi Antoine et Cléopâtre, pièce qui a d’ailleurs été très peu montée ?
Ce sont des instincts de lecture, c’est un texte très rythmé, très musical. Et plein de thèmes nous passionnaient : la question de la guerre, celle du pouvoir, celui des hommes et celui des femmes, la figure féminine très forte de Cléopâtre, reine d’Égypte, l’amour à mort entre Cléopâtre et Antoine, la filiation entre Antoine, général romain et César (le jeune Octave futur Auguste) ; ce moment de bascule d’où va naître l’empire romain ; le grand nombre de petits personnages qui viennent du peuple et auxquels on ne demande pas leur avis ; les raisons intimes, personnelles, qui influencent les raisons politiques, les questions d’honneur, d’ego… Antoine perd sa gloire à cause de Cléopâtre.

La petite et la grande Histoire sont en effet bel et bien visibles dans votre spectacle. D’autres que Shakespeare vous ont-ils inspirés, par exemple le cinéma et le couple mythique d’Élisabeth Taylor et Richard Burton ?
Non. Plutôt la parodie de péplum de Jean Yanne avec Coluche, Deux heures moins le quart avant Jésus Christ par sa manière de décrypter qui dirige et pourquoi. On voulait lire Shakespeare avec un regard au second degré. On voulait aussi retrouver le rire, un vrai besoin à l’époque de Shakespeare qui passe du comique au lyrique et souhaitait s’adresser à tous, comme nous aujourd’hui.

Un mot sur les costumes, remarquables par leur simplicité ?
Leur code correspond au jeu des comédiens, non spectaculaire. Il a aussi un but pratique : une veste suffit pour passer d’un jeu et d’un personnage à l’autre (nous jouons à quatre dix personnages). Tout se passe dans le corps, dans la voix, la technique de jeu.
La lumière, signée Amandine Richaud, est également essentielle pour raconter cette histoire ; elle éclaire les lieux, les rythmes, les ambiances. Elle est ici le cinquième acteur.

Ce Fest’Hiver fait la part belle à plusieurs anciens étudiants du Conservatoire de théâtre à rayonnement régional d’Avignon. Y a t-il un esprit «École d’Avignon » ?
Depuis sa création par Louis Beyler, et avec ses successeurs, Pascal Papini, puis Jean-Yves Picq qui nous a formés, toute l’insistance a porté sur le théâtre comme un service public, la volonté de former des acteurs-créateurs qui réfléchiraient sur le théâtre, et travailleraient en équipe. Ça nous réunit forcément. Et ajoutons un autre maître, Frédéric Richaud, aujourd’hui à la codirection avec Gilbert Barba du Centre Dramatique des Villages du Haut-Vaucluse : nous voulons un théâtre pour tout le monde.

Propos recueillis par Daniele Carraz
Visuel : ©lebruitdelarouille

Générique

Antoine et Cléopâtre a été vu au Théâtre du Balcon (Avignon), dans le cadre du Fest’hiver, Festival des Scènes d’Avignon, le jeudi 23 janvier 2020.
Pour aller plus loin, le site de la compagnie Le Bruit de la Rouille

Mise en scène Mélaine Catuogno | Auteur William Shakespeare |Interprétation Mélaine Catuogno Vivien Fedele Julien Perrier Alexandre Streicher|Collaboration dramaturgique Cyril Cotinaut|Création lumière Amandine Richaud|Création costumes Thibault Patain|Aide à la conception scénographique Florian Martinet

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