La Résidence Croisée : le journal de bord d’Alexia Vidal – suite et fin

23 novembre 2018 /// Les retours
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Alexia Vidal, metteuse en scène de la compagnie Corps de Passage, et la vidéaste Ludivine Large Bessette sont les artistes sélectionnées pour la Résidence Croisée (voir la présentation ici). Comme nous aimons découvrir ce qui n’est pas visible à l’œil du public, on a demandé à Alexia Vidal de nous faire vivre cette résidence de l’intérieur. La Résidence croisée s’est terminée dimanche 18  novembre. Aujourd’hui, on découvre la dernière page de son journal de bord.

Fin de résidence croisée

14 jours, presque 1700 photos, 6 perruques, des dizaines de vêtements, 50 litres de thé, des élastiques et des paillettes, quelques épingles à nourrice, pas mal de marche, un peu de grimpe, des images, du mouvement, du mouvement et encore du mouvement et beaucoup de rencontres.

Comment raconter une recherche ? Comment raconter un chemin qui a débuté le 4 novembre, mais qui va se prolonger, en milliers de ramifications, après le 18 ?

Avoir des questionnements communs mais des mises en pratiques différentes. Essayer des vêtements, voir se dessiner des personnages, les mettre en mouvement, créer des improvisations chorégraphiques à partir de la raideur d’un corset, du poids d’un treillis, de la fragilité de talons hauts, de la torsion d’un buste ou de la liberté de nos mains. Jouer avec des images, nos images. Et surtout, résister à la tentation de fixer, de produire, de construire. Toujours se remettre en question. Toujours chercher plus loin, chercher ailleurs.

Garder la liberté de faire sans être vues. Rester en recherche. Croiser pour nous.

Le dernier jour

Le dernier jour de notre résidence, nous avons voulu prendre un temps de partage avec quelques personnes, pour mettre des mots et des questions sur nos recherches, pour nous aider à voir plus clair dans notre cheminement instinctif de ces 14 jours. Présenter le processus de recherche et non un travail fini. Dire que la recherche a de la valeur autant que ce qui en est issu.

On a le sentiment d’avoir traversé deux semaines foisonnantes, d’avoir des matériaux visuels et de plateau qui pourraient être les matrices d’au moins 3 expositions et de beaucoup de propositions scéniques.

Et à la fois, comme une frustration de ne pas être allées assez loin, de ne pas avoir exploré toutes les pistes, de ne pas avoir assez creusé toutes nos intuitions.

Deux semaines, c’est court pour se rencontrer.

Deux semaines, c’est court pour la recherche.

Et pourtant, deux semaines c’est assez, pour nous, pour trouver un début de langage commun, pour faire que nos imaginaires se nourrissent l’un de l’autre, pour créer des choses que nous n’avions prévues ni l’une ni l’autre.

Nos réflexions sur la représentation des corps féminins et nos essais avec les vêtements on fait émerger des personnages – chimères. Pourtant, ni l’une ni l’autre n’avons l’habitude de travailler sur des personnages. Nos deux réflexions, nos deux imaginaires, ensemble, on créé un terrain de recherche et de jeu, nouveau pour toutes les deux.

Richesse de la rencontre. Richesse de la recherche.

Nous terminons cette résidence avec beaucoup de joie d’avoir pu profiter de ce dispositif qui n’existe que par la volonté des quelques personnes réunies autour de la conviction folle que la recherche est nécessaire à la vie artistique (et on les en remercie grandement!).

Nous terminons cette résidence avec la furieuse envie de continuer à chercher. Toutes les deux, bien sûr, mais aussi chacune de notre côté. Préserver dans nos pratiques ces temps d’expérimentations qui nous font si souvent défaut.

Nous allons voir comment et quand nous pourrons nous recroiser. Parce que nous en avons envie.

Nous allons voir comment ce temps privilégié va infuser dans nos futures créations.

Nous allons devenir Joyeuses Mécènes Pauvres pour participer, à notre tour, à constituer la bourse qui permettra à d’autres des profiter de ces conditions de travail privilégié.

La résidence est finie mais le croisement ne fait que commencer !

Alexia Vidal
Photographie : Ludivine Large Bessette

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