Ouvert aux publics : la semaine de Laurent – du 1er au 7 octobre
Les théâtres ont débuté officiellement leur saison en ce début octobre ! Retour sur une semaine trépidante entre Avignon et Montpellier.
Côté projet en cours, la chorégraphe Carole Bordes entamait sa deuxième semaine de création au CDCN Les Hivernales, suite à celle passée à l’Auditorium Jean Moulin – Le Thor. Cette semaine de résidence était le prix remporté lors des HiverOclites 2017. Son projet s’appelle L’Élan Naïf et sera visible au Théâtre Transversal, toujours sur Avignon, les 15 et 16 mars 2019. Avec cette première pièce de groupe, son travail questionne la notion de l’élan, celui de l’enfance et de l’amoureux. Entourée de deux danseuses et d’un danseur (Lou Cantor, Carole Dauvillier et Nicola Vacca), elle offre une succession de tableaux où le jeu est central à cette notion d’élan. Quel élément nous pousse à nous jeter dans telle direction, qu’est-ce qui anime l’être, quel est la part de rêve, de fantasmogorie et de réalité dans les situations évoquées ? Le début de création est prometteur, on vérifiera tout cela l’année prochaine.
Autre lieu, autre réjouissance avec la FIESTAGORA 3 à Montpellier Danse. Pour une ouverture toute en fête, la Cité Internationale de la Danse détient le savoir faire. On danse dans tous les coins du Couvent des Ursulines : ateliers et extrait de pièces chorégraphiques présentées par les artistes accueillis sur la saison. On court de salles en salles, on se restaure et on assiste à de beaux moments. Parmi ceux proposés, Hamdi Dridi, dont nous suivons la trajectoire avec un bonheur toujours intact (la première rencontre était par l’entremise du chorégraphe William Petit – ici – et la seconde pour un portrait dans la revue n°2 Ouvert aux publics « Je danse et alors ! » – là). Ici, il présentait son solo Tu meur(s) de terre, un hommage vibrant à son père. Fabrice Ramalingom présentait une conférence dansée sur son parcours d’interprète auprès de Trisha Brown et de sa résonance dans son travail. Une belle découverte de l’univers de la chorégraphe vue de l’intérieur. Enfin, Michèle Murray présentait Atlas/Etude #2 (ci-dessus) que certain.e.s ont pu voir à Uzès Danse en 2017 ou encore à Montpellier Danse cet été.
Côté saison, écoutez l’interview de Gisèle Depuccio, directrice adjointe de Montpellier Danse, où l’on parle engagement, hip-hop, compagnies du territoire et coups de coeur sur la saison.
Jeudi, c’était la séance de rattrapage au Théâtre des Halles pour Bienvenue en Corée du Nord de la compagnie La Cité/Théâtre. Olivier Lopez amis en scène 3 clownesses et un clown pour conter au public leur voyage en Corée du Nord, devant un rideau rouge (!) qui ne s’ouvrira qu’à la fin du spectacle. La dictature en place en Corée du Nord semble avoir déteint sur chacun d’eux, avec plus ou moins d’intensité, ce qui donne lieu à des échanges où chacun dégaine sa partition et laisse entrapercevoir des félures. La scène où l’une des clownesse embrasse l’effigie de Kim Jong-il met en lumière l’acte blasphématoire répressible par le régime de la République populaire démocratique de Corée. On doit reconnaître à ce quatuor quelques réparties bien pensées, notamment celle de la dictature d’un régime comparée à une religion. Ils racontent ainsi leur Corée du Nord avec un malaise de plus en plus présent pour finir avec une farce théâtrale jouée lorsque le rideau s’ouvrira enfin.
L’Orchestre Régional d’Avignon Provence a officialisé sa saison avec son concert d’ouverture donné à l’Opéra Confluence. Le programme de la soirée, Chefs-d’oeuvre du romantisme a permis d’entendre le Concerto n°2 pour piano et orchestre en si bémol majeur op.83 de Johannes Brahms et la Symphonie n°9 en mi mineur dite du « Nouveau Monde » op.95 d’Antonin Dvořák. On peut reconnaître la maîtrise de cet ensemble pour ces deux oeuvres et l’engouement avec lequel Samuel Jean dirige les musiciens. Cependant, on peut revenir sur l’acoustique de la salle, créée l’année dernière en raison des travaux à l’Opéra d’Avignon, qui fait s’envoler un peu trop les notes des compositions…
Le Parcours de l’art a débuté le week-end dernier ! Du côté de l’Église des Célestins, et parmi les oeuvres présentées, j’ai retenu l’artiste Yoann Ximenes expose la pièce Speechscape 31° 47′ N / 35° 13′ E. Ici, l’empreinte laissée sur la matière émane du son. Le paysage ainsi créé, à partir d’égaliseurs graphiques, est dûe à la citation de David Ben Gourion, prononcée à l’occasion de la proclamation d’indépendance de l’Etat d’Israël, et à la citation de Yasser Arafat, prononcée lors de la proclamation d’indépendance de la Palestine. Une oeuvre qui étonne par sa légèrèté, voir son évanescence.
Laurent Bourbousson
Photos : Laurent Bourbousson
Image d’illustration : l’oeuvre de Yoann Ximenes – photo Laurent Bourbousson