[VU] Le DUB contagieux d’Amala Dianor
Créée au Festival de Danse de Cannes, le samedi 9 décembre 2023, la dernière création d’Amala Dianor entraîne le public dans un DUB des plus contagieux. Avec ses 11 interprètes et un musicien live, le chorégraphe tisse, parfois à l’excès, les liens pour faire communauté.
Faire advenir une nouvelle communauté
Ils apparaissent un par un sur le plateau. Venus de toute part, que ce soit de la porte imaginaire d’un club, ou de cour ou jardin, les 11 magnifiques interprètes de DUB vont communier avec Awir Leon au platine, entre eux et avec le public.
La pièce s’ouvre donc sur les particularités de chacun·e. Mises en commun, elles se transforment au gré des mouvements. Chaque identité devient alors poreuse, chaque obédience s’annihile devant l’autre. Ici, la loi du mouvement est la seule à s’appliquer.
Et c’est à coup de lancés de dés, geste récurrent chez le chorégraphe, que se joue ce brassage. Ils marquent l’énergie débordante du groupe naissant et la direction à prendre tous ensemble.
Notre communauté fait corps. Elle est une et divisible parfois, métissée dans sa composition. Des duos, trios ou quatuors s’en échappent. Quant aux solos, ils viennent faire la démonstration d’un savoir-faire qui ne demande qu’à être partagé, ou bien pour se placer en MC de son style avec humour.
Des styles qui témoignent de la vivacité de la danse et d’une envie de liberté
En portant ses choix sur de jeunes danseurs issus de cultures différentes, Amala Dianor invite le public à poser un regard neuf sur les danses en mutation et les transformations sociétales en cours.
Chaque style coexiste. Du dancehall à l’électro, en passant par la danse clubbing, le voguing, le hip hop et autres, toutes et tous agissent pour l’amour du mouvement. Leurs lieux de prédilection, le club, lieu de tous les possibles, mais également des endroits cachés, ceux où l’interdit n’a pas lieu d’être.
Ces lieux propices à laisser libre court aux mouvements, prennent vie dans un second temps dans un effet de surprise. Le fond du plateau se transforme en un building fait de cases, 9 pour être précis.
L’ambiance devient plus présente et c’est le monde de la nuit qui s’ouvre à nous. Les interprètes laissent tomber les barrières pour enfin devenir réellement soi. Un vent de liberté se fait sentir et c’est une jeunesse exaltée qui prend vie sous les yeux d’un public conquis.
Depuis le décor, tout en hauteur, les individualités se frottent au groupe et nos noctambules n’ont de cesse d’aller et venir à la recherche de la vie dans ses moindres recoins.
Une proposition à la fièvre contagieuse
La musique d’Awir Léon et les lumières de Nicolas Tallec épousent à la perfection la dansitude qui se dégage de la communauté ainsi créée. Le dub se propage comme un effet de poudre et rend euphorisant à certains moments le public qui vient battre la mesure avec la tête ou le haut du corps. Une envie de se lever pour danser et entrer en communion avec la communauté est palpable depuis l’assistance.
Le dernier tableau vient calmer le rythme. Depuis leur catwalk, nos interprètes laissent éclater leur individualité dans le groupe soudé. Les identités s’entremêlent dans une sorte de melting pot aux allures de syncrétisme depuis leur podium. La démonstration s’étire malheureusement et l’acuité du propos, très forte jusqu’alors, se dilue.
Mais le DUB a cette force, celle d’être viscérale. Il anime l’être qui a pour seule arme son mouvement dansé. Comme pour mieux coexister en paix. Et c’est dans un geste de lancé de dés, en direction du public, que la lumière s’éteint. À vous de vous en saisir.
Laurent Bourbousson
Crédit Photo : ©Jérôme Bonnet
Générique
DUB, pièce pour 11 interprètes et 1 musicien live, a été vue lors de sa création mondiale au Festival de Danse de Cannes.
Toutes les dates de tournée : amaladianor.com
Chorégraphie Amala Dianor / Artiste visuel Grégoire Korganow / Musicien live Awir Leon / Avec Slate Hemedi Dindangila, Romain Franco, Jordan John Hope, Enock Kalubi Kadima, Mwendwa Marchand, Kgotsofalang Joseph Mavundla, Sangram Mukhopadhyay, Tatiana Gueria Nade, Yanis Ramet, Germain Zambi, Asia Zonta / Lumières et régie générale Nicolas Tallec / Costumes Minuit Deux, Fabrice Couturier / Régie son Emmanuel Catty / Régie plateau Martin Rahard, David Normand / Directrice délégué Mélanie Roger / Direction technique décor Véronique Charbit / Chargée de production Lucie Jeannenot / Direction technique décor Véronique Charbit / Construction décor Juan Cariou, Fabienne Desfleches, Paul Dufayet, Valentin Dumeige, Moïse Elkaout, Gaëlle Lestum, Valentin Thuillier, Fanchon Voisin / Graffeur Décor François Ravea
Production : Kaplan I Cie Amala Dianor, conventionnée par le ministère de la Culture -DRAC Pays de la Loire, la Région Pays de la Loire et la Ville d’Angers. La Cie Amala Dianor est régulièrement soutenue dans ses projets par l’Institut Français, l’ONDA. La Compagnie bénéficie du soutien de la Fondation BNP Paribas depuis 2020. Amala Dianor est actuellement associé à Touka Danses CDCN Guyane (2021-2024), au Théâtre de Mâcon, scène nationale (2023-2025) et membre du Grand Ensemble Les Quinconces & L’Espal, Scène nationale le Mans (2021-2024).
Coproduction : Festival de Danse Cannes – Côte d’Azur France ; Théâtre de la Ville – Paris ; Théâtre de Mâcon, Scène nationale ; Touka Danses CDCN Guyane ; Les Quinconces & L’Espal, Scène nationale du Mans ; Le Volcan, Scène nationale du Havre ; Équinoxe, Scène nationale de Châteauroux ; Julidans – Pays-Bas ; Maison de la Danse, Lyon ; JuliDans, Pays-Bas ; Le Grand R, Scène nationale la Roche-sur-Yon ; Scène nationale d’Albi-Tarn; Cndc Angers.
Aide à la création : Fondation BNP Paribas abritée par la Fondation de France ; Ville d’Angers ; Région Pays de la Loire.
Résidence de recherche : Villa Albertine, USA, 2023, en partenariat avec le Théâtre de la Ville-Paris.
Résidence de Construction Décor : Paris Le Moulin Fondu, Oposito – CNAREP, Garges-lès-Gonesse.
Workshop audition : Ménagerie de Verre, Paris.
Amala Dianor sur le site : ici