[VU] Nannetti, le Colonel Astral, la partition parfaite de Gustavo Giacosa

30 juillet 2024 /// Festival d'Avignon - Les retours - OFF
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C’est dans la chapelle du Théâtre des Halles que Gustavo Giacosa de la compagnie SIC12 (Aix-en-Provence) officiait durant le Festival Off d’Avignon avec son duo Nannetti, le Colonel Astral, premier volet de sa trilogie consacré aux figures marquantes de l’art brut. Il partageait la scène avec le musicien Fausto Ferraiuolo que l’on retrouvait au piano.

Dévoués à l’art brut, les deux artistes mettent ici en avant l’œuvre manuscrite de Fernando Oreste Nannetti, patient de l’hôpital psychiatrique de Volterra (Italie). Les murs de cet hôpital sont devenus au fil des années les pages d’un livre à ciel ouvert. Ce sont les mots gravés à même la pierre par Nannetti, à l’aide de la boucle de son gilet, que Gustavo Giacosa donne à entendre.

Tel un clown avec son nez rouge en forme de Y, le comédien plonge sans retenue dans la vie de Nannetti. Il entre en communication avec des ondes électriques et magnétiques par télépathie. Ses échanges avec l’univers interstellaire lui permettent d’écrire une nouvelle réalité d’un monde dont il saisit les pensées pour se les mettre en tête.
Accompagné par les notes de piano jazz de Fausto Ferraiuolo, le clown solaire scande des chiffres, se questionne sur l’utilité de la télévision et des pilules qui lui sont données, si ce n’est pour contrôler sa pensée.
Mais Nannetti n’écrit pas que sur les murs de cette clinique qui devient sa prison. Il écrit des cartes postales qui demeurent sans réponse. Il est une personne effacée de la surface terrestre, vivant dans un ailleurs poétique, enfermé dans son être. Nannetti navigue entre le masculin et féminin avec une aisance exceptionnelle et sème le trouble. Il est insaisissable. Sa personnalité fractionnée laisse apparaître un homme fracturé par le monde extérieur.

Gustavo Giacosa livre une performance hors norme avec son Nannetti. Il transcende ce colonel astral, en exhume l’âme grâce à la poésie de ce cabaret fantasque. Le comédien va jusqu’à faire entendre le crissement de ses ongles sur le sol. Il écrit ainsi un nouveau chapitre au livre que cet homme a légué à l’humanité. Du grand art.

Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Vincent Berenger

Générique

Un projet de Gustavo Giacosa à partir des écritures murales de Oreste Fernando Nannetti / Musique originale interprétée sur scène  : Fausto Ferraiuolo / Créateur  lumière : Bertrand Blayo /
Production : sociétés SIC 12 / Coproduction : Théâtre Liberté, Scène Nationale de Toulon (F),  La Grange de Dorigny, Lausanne (CH), Théâtre Archivolto, Gênes (I).
Avec le soutien : CRR des Conservatoires des Villes d’Annecy et Chambéry, du 3bisf lieu d’Arts contemporains à Aix en Provence.

Création du troisième volet de sa trilogie M. Un amour suprême au Théâtre des Halles, le samedi 12 octobre. Tous les renseignements ICI.

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