
[VU] OFF19 : Un Ubu Roi so Monty Python par Agnès Régolo
Agnès Régolo revisite Ubu Roi d’Alfred Jarry. Une fois dépassé le côté ultra rock qu’on peut citer, on pense au Monty Python. Quand le rire se frotte à l’actualité politique. Une réussite.
Frapadingues
On ne va revenir sur la psychologie des personnages que compte le texte d’Ubu Roi d’Alfred Jarry, car nous savons très bien que le pouvoir les obsédent et les poussent à une surenchère de manigances pour y accéder.
Non, laissons-nous aller à découvrir comment Agnès Régolo les a façonnés. Ils se présentent au public avec une dose de rock’n roll, avec la superbe entrée du Père Ubu campé par Pascal Henry, et on peut citer ici tous les comédien.ne.s et musiciens qui se jettent dans ce moment fou de théâtre : Guigou Chenevier (à la batterie), Nicolas Gény (un Venceslas parfait), Sophie Lahayville (exceptionnelle Mère Ubu), Antoine Laudet (machiavélique en Fils Ubu), Kristof Lorion (un Capitaine Bordure qui en jette), Catherine Monin (gèniale en Reine et épouse de Venceslas), Guillaume Saurel (violoncelle).
Ils sautillent, chantent, courent et s’aventurent dans des contrées lointaines pour une folie contemporaine : celle de la course au pouvoir.
Régolo Monty Python
La mise en scène d’Agnès Régolo et la scénographie d’Éric Priano sont judicieuses. Le plan incliné, en fond de scène, se transforme, au rythme des échanges, dans notre imaginaire : il est avion, falaise, tribune… Les entrées-sorties se font sur le son d’une musique rock et même baroque, parfois. Se dégage de tout cela, l’idée de voir un spectacle que les Monty Python auraient créer pour la scène.
Ce parti-pris permet à la metteuse en scène de surenchérir l’absurdité des scènes et du récit lui-même (on peut penser au Haka réalisé d’une main de maître par Père Ubu et sa garde rapprochée). Le rire nous sauve de cette folie dont s’empare le plateau. Cet Ubu Roi met en lumière tout ce qui fait notre monde politicien. La question du pouvoir, l’avidité, le totalitarisme sont poussés à leur paroxisme et résonnent fortement.
Agnès Régolo nous offre une lecture sur notre monde, une lecture salvatrice pour pousser à la réflexion de nos mécaniques politiques. Une réussite.
Laurent Bourbousson
Visuel : © Raphaël Arnaud
Dates et générique
Ubu Roi d’Alfred Jarry, au Théâtre du Chien qui Fume, jusqu’au 28 juillet (relâche le 24), à 10h30.
Mise en scène Agnès Régolo | Interprétation Guigou Chenevier, Nicolas Gény, Pascal Henry, Sophie Lahayville, Antoine Laudet, Kristof Lorion, Catherine Monin, Guillaume Saurel | Lumières – scénographie Erick Priano | Costumes Christian Burle