[VU] Silvia Gribaudi en état de grâce

5 octobre 2024 /// Les retours
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Botticelli, Rubens, Canova, Stimmer, Pascin et aujourd’hui Silvia Gribaudi, les Trois grâces n’en finissent pas d’inspirer les artistes. De la représentation la plus classique à la plus iconoclaste comme le trio masculin formé par Matteo Marchesi, Siro Guglielmi et Andrea Rampazzo, percuté par la désopilante Silvia Gribaudi qui a vu en eux « l’essence de la grâce, de la beauté et de la virtuosité ». Transposée sur scène, sa vision ébouriffe canons et traditions, s’assurant de la complicité du public dès les premières secondes par ses sourires gourmands, ses regards malicieux, ses applaudissements respectifs, ses « Welcome ! » et autres « Thank you for being here » repris en chœur.

Avec une liberté structurelle assumée, la pièce procède par saynètes successives et ruptures de rythmes, entre fluidité des figures classiques et galanterie baroque, mouvements saccadés ou désordonnés et maladresse feinte, sans jamais perdre son fil rouge : « exposer des corps, leurs individualités et leurs beautés, bien au-delà des stéréotypes et des canons ». Le tout sur une bande sonore aussi éclectique que possible. Avec un sens de la dérision et de l’autodérision, la pièce combine expressions théâtrale (les accessoires fleuris, les bouteilles d’eau dont on ne devine pas l’utilisation prochaine), opératique (quand Silvia Gribaudi se prend pour la Callas !), music-hall (clins d’œil aux séquences aquatiques des comédies musicales américaines des années 50). Il faut toute la dextérité technique des interprètes pour parvenir à réussir ce grand écart stylistique ! Face à Silvia Gribaudi qui ne désespère pas de trouver sa place, le trio masculin joue à fond sa partition comique, savoure chaque séquence construite à l’unisson ou en décalage, s’épuise à atteindre une synchronisation digne des shows de Broadway, et finit par jeter l’éponge en se mettant à nu tels des éphèbes athéniens dans un clair-obscur silencieux. 

L’interaction avec le public ne faiblit jamais qui encourage le quatuor dans ses efforts, son engagement physique, son jeu d’acteurs-danseurs. Généreuse et désopilante, Graces nous laisse en haleine avant de découvrir sur le plateau du ZEF à Marseille Grand jeté, création pour dix interprètes, coproduite avec Klap-Maison de la danse. Rendez-vous pris le 29 avril 2025.

Marie Godfrin-Guidicelli
Crédit photo : ©Matteo Maffesanti

Générique

Graces a été donné le 1er octobre au pavillon Noir, à Aix-en-Provence.
Chorégraphie Silvia Gribaudi – Dramaturgie Silvia Gribaudi, Matteo Maffesanti – Interprètes Silvia Gribaudi, Siro Guglielmi, Matteo Marchesi, Andrea Rampazzo – Création lumière Antonio Rinaldi – Costumes Elena Rossi

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Retrouvez toute la saison du Pavillon Noir – CCN ici

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