[Vécu] Danse Immersive électro : la danse comme état d’exploration
Nans Pierson présentait son dernier atelier de « Danse Immersive électro », le 25 février dans le cadre du festival Les Hivernales, dans les locaux embrumés du Grenier à Sel.
Sous l’atmosphère pluvieuse d’un dimanche après-midi de la ville déserte, j’ai découvert une étonnante expérience dansée partagée par une cinquantaine de personnes de tout âge et physiquement différent.
L’objectif de l’atelier étant dès le départ expliqué : « un court échauffement commun pour une heure de danse personnelle partagée », je me suis directement identifiée au désir d’un espace de parole propre à moi, où expression et créativité se libèrent des formats, des techniques et des cadres d’écriture aux paramètres précises ou pré-imposés.
Que signifie d’être danseur ? Sous forme d’installation corporelle, ce cadre autorisait aux participants de découvrir leurs individus à travers leur pure danse et créer ainsi leurs propres portraits d’identité chorégraphiques et dansés.
Impressionnant et immersif, ce dispositif emportait sa communauté des danseurs dans un lieu de rencontre ouvert à l’exploration, la découverte, la juxtaposition, la surprise où l’investissement de l’espace devenait l’affaire d’une cohabitation engagée.
Au sein d’un univers musical électro et avec beaucoup de douceur, Nans Pierson suggérait ses hypothèses et ses valeurs de pluralité et d’inclusivité, afin d’accompagner ce groupe à une expérience dansante immersive, physique et sensorielle.
Sans aucune attente ou exigence particulière, il invitait l’individu à se laisser porter par les fréquences et les variations rythmiques du son afin de déployer son imagination et son imaginaire en mouvement, en transe, en souffle et d’entrer en relation avec soi-même.
Sous une lumière bleutée et au milieu des nuages artificiels de brume, les traces des tous ces corps ordinaires singuliers, qui se retrouvaient sur ce terrain partagé, marquaient enfin le sol par un moment sublimé, transsubstantiel. Dans ce même espace, la transformation des pulsions humaines les plus internes en gestes dansées libres et non jugées, cartographiait un environnement artistique où les cloisons et les normes de ce qui définit l’art chorégraphique, disparaissaient.
Nans Pierson, danseur, travaille depuis plusieurs années auprès du chorégraphe Noé Soulier sur la perception et l’interprétation du mouvement et auprès du chorégraphe Eric Minh Cuong Castaing sur la relation danse, nouvelles technologie et corps in situ in sociaux. Il danse notamment avec des individus (enfants et adultes) en situation de handicap ou en perte de mobilité, à travers des créations ou des ateliers d’exploration du mouvement et curatifs. Il transpose ces acquis dans tout autre cadre de sensibilisation à l’art dansée, mettant l’accent sur la rencontre et la singularité.
Ses rendez-vous de « Danse Immersive électro » sont réguliers. Depuis l’automne dernier, ils ont lieu une fois par mois sur le plateau des Hivernales-CNDC d’Avignon dans une ambiance lumineuse sombre où le regard se dissout pour augmenter l’expérience sensible et imaginaire.
Propos de Nans Pierson par Iliana Fylla :
Quelle est ton intention artistique et pédagogique dans la proposition de ses expériences dansées ?
L’idée était de proposer un espace libéré des contraintes normatives que le signifiant « danse » peut inconsciemment imposer. On pense souvent à des catégories de danse sur des catégories de musique, l’idée est ici de déconstruire cela et de laisser place à notre imagination. En travaillant le dispositif, avec une lumière affaiblie où il est difficile de distinguer les visages des uns et des autres, j’essaye d’offrir la possibilité de se libérer du regard de l’autre afin de pouvoir explorer une danse propre à soi.
Que dirais-tu du point de vue d’un art-thérapeute (sachant que tu prépares un diplôme dans le domaine) pour l’effet curatif d’une expérience comme celle de « Danse Immersive, électro » ?
Il est possible qu’il y soit des effets thérapeutiques, mais cela est propre à chacun. À travers le mouvement, que l’on peut nommer ici langage du corps, il m’arrive parfois de libérer des mémoires, des souvenirs. Il y a aussi ce sentiment d’apaisement, comme celui que l’on ressent après un effort physique important qui est lié, il me semble, à une libération d’hormones dans le corps. Mais je ne pense pas qu’on puisse parler d’Art-Thérapie, car l’Art-Thérapie, elle, est à visée thérapeutique.
Pourquoi tu as choisi un univers électro ? Qu’apporte-il dans ta proposition ?
Je voulais un bain sonore, avec des beats réguliers, très marqués, car dans cette (fausse) simplicité, il me semble y avoir un soutien pour le mouvement. Ils peuvent aussi devenir un vrai terrain d’exploration lorsqu’on essaye de rentrer en dialogue avec. Essayer d’être arythmique par exemple ou encore chercher le mouvement minimal… On est aussi là pour écouter un set, en mouvement, lui-même composé avec ses montées et ses descentes qui peuvent venir en écho à la structure que nous allons donner à notre danse.
Iliana Fylla
Crédit : Photo et vidéo par la réalisatrice de films Florine Clap (issues d’une session du mois de Septembre)
Générique
Les ateliers Danse Immersive électro : lundi 18 mars | 18 h 30 à 20 h 00 – Mercredi 10 avril | 18 h 30 à 20 h 00
Durée : 1 h 30 – Expérience requise: Atelier tous niveaux – Jauge : 20 personnes maximum – Tarif : 10 € – Renseignements et Inscriptions : accueil@hivernales-avignon.com | 04 90 82 33 12