[VU] Le champ des possibles de et par Élise Noiraud

27 mai 2019 /// Les retours
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Le Champ des possibles est la 3ème partie du triptyque autofictionnel d’Élise Noiraud. Ici, elle convoque sa personne pour le difficile passage vers l’âge adulte. Une écriture et une mise en scène qui gagnent en maturité. Retour.

Après La banane américaine et Pour que tu m’aimes encore (voir l’interview et retour ici), Élise se met en scène pour le troisième volet de ses aventures. Le difficile passage vers l’âge adulte est passé « à la loupe Noiraud ».

Grandir, oui mais comment ?

Élise Noiraud a grandi. Dans son précédent opus, nous l’avions laissée adolescente. Elle faisait revivre cet âge ingrat à son public. Depuis, Élise à grandi et cherche une voie professionnelle à la sortie du bac. Ce sera une inscription en fac de lettres à Paris. Une nouvelle vie s’offre ainsi à elle. Finie la province quotidienne, bonjour les allers-retours pour les week-end afin de retourner dans le giron familial.
Toute la tension et la dramaturgie du spectacle s’articulent autour de ce fait, ce qui permet de questionner la relation parent-adulte en devenir.
Mais il y aussi la découverte du théâtre, des associations étudiantes, de l’engagement politique et les nouveaux cercles d’ami.e.s dans lesquels on souhaiterait se sentir exister et être. Être qui ? Telle est la question. Élise devient alors caméléon, se fondant dans un moule afin de ne pas faire trop tâche. Elle a des parents cools et s’entend parfaitement avec sa mère pour ses cops de Paris.

Tuer les parents

Élise Noiraud affine son écriture et traite du poids que représente les parents pour les jeunes adultes. Il y est question de culpabilité que ressentent ces derniers quand il faut faire le choix entre l’anniversaire d’un copain et la date de retour chez papa-maman, ou encore, situation plus qu’explosive, au moment des fameuses vacances de Noël. Autant de situations dramatiques enlevées par le rire, qui mettent les spectateurs face à leurs propres souvenirs.
Le spectacle fait autant rire que poser des questions quasi-existentielles auxquelles chacun à dû trouver réponses pour se construire. Et c’est ici sa force. Comment devient-on adulte ? Et surtout, que signifie être adulte ?
Le public s’apercevra que la vie d’Élise est semblable à la sienne, avec certainement des parents plus ou moins étouffants avec lesquels il a fallu composer. Les réponses apportées ouvriront sur le champ des possibles.

Le champ des possibles

La comédienne affine son jeu dans cet opus. Elle interprète, comme à son habitude, toute une série de personnages dont elle pointe les extravagances et les failles. Alors que dans Pour que tu m’aimes encore, on pouvait parfois ressentir l’effet succession de sketches, dans Le champ des possibles, les situations s’enchaînent avec finesse pour laisser découvrir une Élise Noiraud en parfaite comédienne.
L’écriture et la mise en scène inscrivent cette proposition dans un genre autre que le simple one woman show, car ce n’est définitivement pas cela qui est proposé au public. Ce pourrait être une proposition d’un « Genre à la Noiraud » , une forme explosive et énergique qui convoque les souvenirs d’un temps passé.

Laurent Bourbousson
Photographie : Baptiste Ribrault

Générique et dates

Le champ des possibles
Texte, mise en scène et interprétation : Elise Noiraud | Collaboration artistique Baptiste Ribrault | Création lumière François Duguest
À voir au Théâtre de la Reine Blanche (Paris 18), jusqu’au 22 juin ; au Théâtre Transversal (Avignon), du 5 au 28 juillet.

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