[VU] Un crescendo infernal

10 octobre 2023 /// Les retours
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Retenez bien son nom, Catherine Gaudet, car il faudra désormais compter avec elle ! Méconnue jusqu’alors en France, la jeune chorégraphe canadienne a envoûté le public de la Biennale de la danse de Lyon et du Pavillon noir à Aix-en-Provence avec Les Jolies choses.

Dans un silence de plomb, Catherine Gaudet installe sa nouvelle pièce, un quintet minimaliste, synchronisé, pulsif qui ne laisse aucun répit à ses interprètes. A peine quelques mouvements répétitifs comme un long monologue, puis, au tempo du corps s’agrègera ensuite une note musicale et vocale, répétitive elle aussi, qui ne s’arrêtera plus, s’amplifiant progressivement. La composition originale de Antoine Berthiaume agit comme un métronome : torsions du buste, balancement des mains, propulsions… les gestes s’additionnent. La partition sonore et corporelle s’enflamme qui emporte les danseurs dans une mécanique bien huilée, intense. Transformés en automates au gré des séquences et du souffle chorégraphique, le corps solidement arrimé au sol, ils s’élancent dans une rotation à 360 degrés jusqu’à épuisement. Mais ni la résistance ni l’épuisement ne sont au cœur de la recherche de Catherine Gaudet, c’est le désir « du geste essentiel » ; la quête de l’unisson et ses échappées vers la fissure, la craquelure, le débordement ; l’indiscipline et le compulsif. Sans cesse elle veut sortir du cadre, rester vent debout : « Les danseurs sont aspirés à l’intérieur de cette énorme machine qui les fait bouger à un rythme synchronisé constant, très exigeant à la fois pour le mental, le psychique et le physique ».

En perpétuelles mutations

Qu’il s’agisse de ses pièces courtes (Grosse fatigue, L’Arnaque) ou de ses œuvres longues (L’Invasion du vide, Je suis un autre, Tout ce qui va revient), Catherine Gaudet compose un « univers fait de métamorphoses fluctuantes ». Dans Les Jolies choses, les êtres déclinent à l’infini une figure soudain explosée par un élément perturbateur, habités par un sentiment de révolte, une envie irrépressible de liberté. Sautillements, déhanchements, chants, vociférations viennent troubler l’équilibre originel avec une virtuosité épatante. Sans excès performatif mais avec justesse, dans une sorte d’exultation libératoire. Sensuelle et quasi jouissive.

Marie Godfrin-Guidicelli
Crédit photo : © Matthieu Doyon

Générique

Les Jolies choses ont été données en première française à la Biennale de danse de Lyon les 28 et 29 septembre, au Pavillon Noir à Aix-en-Provence le 5 octobre. A retrouver les 12 et 13 octobre à La Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale. 

Chorégraphie Catherine Gaudet / Interprétation Francis Ducharme, Caroline Gravel, Leïla Mailly, James Phillips, Scott McCabe / Musique Antoine Berthiaume / Lumières Hugo Dalphond / Costumes Marilène Bastien / Répétitions Sophie Michaud / Direction de production et direction technique François Marceau

En découvrir plus :

preljocaj.org

labiennaledelyon.com

lacomediedeclermont.com

https://catherinegaudet.com

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Clélia Jouteau
6 mois plus tôt

Une merveille !

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