Montpellier Danse, une 42ème édition ouverte sur le monde

5 avril 2022 /// Les retours
0 0 votes
Évaluation de l'article

Avec 170 représentations à son compteur, Montpellier Danse fait entièrement corps avec la ville. Encore et toujours plus. Tour d’horizon du programme qui s’étend du 17 juin au 3 juillet 2022.

Si l’on devait donner un adjectif à la conférence de presse qui s’est tenue le mercredi 30 mars dernier à l’occasion de la 42ème édition du festival Montpellier Danse, ce serait sensible.

En effet, Jean-Paul Montanary, son directeur (ci-contre ©Ch. Ruiz), a eu à plusieurs reprises la gorge nouée en présentant certaines propositions de chorégraphes fuyant des pays où la montée des régimes totalitaires ou fascites est de mise. La triste réalité qui se passe aujourd’hui à deux pas de chez nous, est depuis longtemps celle des artistes afghans. Invités à assister durant 10 jours à Montpellier, l’Agora devient cette île enchantée sur laquelle ils vous donnent rendez-vous le vendredi 24 juin pour vous parler de leurs vies ici et là-bas, et de la nécessité de montrer leurs travaux.

De cette île enchantée, Jean-Paul Montary en dessine les contours minutieusement et offre une 42ème édition enthousiasmante.

Philippe Découflé et Ponthus Lidberg en guise de double ouverture

Montpellier Danse accueille au Théâtre de l’Agora la nouvelle création de Philippe Découflé, Stéréo, du 17 au 20 juin. 4 soirées pour découvrir ce spectacle que l’on retrouvera à Châteauvallon-Liberté, les 22 et 23 juin, puis en tournée dès septembre et qui se posera à l’Opéra de Marseille en avril 2023.

Ponthus Lidberg, qui dirige le Danish Dance Theatre, sera au Corum les 18 et 19 juin pour une double soirée. Le public assistera à la représentation des Sept péchés capitaux (découvrez l’histoire de cette création datant de 1933 ici) pour laquelle les danseurs seront accompagnés par l’Orchestre national de Montpellier et les chanteurs du Royal Danish Opera. Puis, sera créé Roaring Twenties où la question de l’écologie sera au plateau (photo ci-contre ©Raphaël Solholm)

Enfin sur ce premier week-end, la chorégraphe Bouchra Ouizguen présentera son dernier opus, Elephant (17 & 18/06). Un peu plus loin que Montpellier, David Wampach sera en clôture du Festival Uzès Danse avec Algeria, Alegria (18/06), date accompagnée par le festival.

À Montpellier danse, les grands noms au rendez-vous

Ohad Naharin et la Batsheva Dance Company font partie des artistes très appréciés de Montpellier Danse et de son public. 2019, la nouvelle création du chorégraphe israëlien sera donnée à voir du 24 juin au 1er juillet avec deux représentations par jour (photo en couverture de l’article ©Ascaf). Fait assez rare pour le festival !
Le Ballet Cullberg a passé commande à Jefta Van Dinther pour Islands (ci-contre ©Ninja Hanna) que le public pourra découvrir les 1er et 2 juillet au Théâtre Jean-Claude Carrière – Domaine d’O. Le chorégraphe sensibilisé à la question de l’environnement, pose un regard sur le monde d’hier et donne aux 13 danseurs de Cullberg une danse qui devient arme. Le public assistera également au solo Moutain lors de cette soirée qui s’anonce grandiose.
Musique et géométrie seront au rendez-vous avec Anne Teresa de Keersmaecker et Amandine Beyer pour Mystery Sonatas / for Rosa à l’Opéra Comédie (du 29/06 au 1/07).
Emanuel Gat, dont nous avons beaucoup apprécié Lovetrain2020 pièce pour laquelle il puisait dans le répertoire du groupe Tears For Feras, présentera Act II & III The Unexpected Return Of Heaven And Earth, pièce construite autour de la musique de Puccini ! (22 et 23/06)

À Montpellier Danse, l’expérience musicale

Si vous méconnaissez Pol Pi, il est temps de découvrir le travail de ce chorégraphe. Avec le Solistenensemble Kaleidoskop, il se replonge dans le Quatuor à cordes n°8 en ut mineur op.110 de Dmitri Chostakovitch, morceau qui l’a touché profondément lorsqu’il pratiquait la musique. Ici, mouvements dansés et joués se répondent dans un jeu de miroirs pour une pièce au titre évocateur It’s in your head (C’est dans ta tête) – 23 et 24/06.
Avec Sacrifing while lost in salted earth, Hooman Sharifi revisite le Sacre du Printemps avec 7 soli sacrificiels sur une musique réécrite pour le tanbur, instrument à cordes persan. Musique et danse s’entremêlent tout au long de cette création (24 et 25/06).
Le chorégraphe brésilien Marcelo Evelin présentera UIRAPURU, nom d’un oiseau considéré comme le chanteur de la forêt. Ajouter à cela l’urgence écologique dans laquelle se trouve son pays, cette proposition démontre à quel point les chorégraphes portent de façon massive la question environnementale au plateau (19 et 20/06).
Michèle Murray créera Empire of Flora avec Lolita Montana (DJ set), musicienne de la scène électro française, pour laquelle les interprètes se lanceront dans un jeu chorégraphique puissant et sensoriel (29 et 30/06).

Des tryptiques à découvrir

Présentées sous forme de tryptiques lors de la conférence de presse, les propositions des chorégraphes Nacera Belaza et Eszter Salamon vont permettre au public d’entrer dans leurs univers.

Nacera Belaza, que nous considérons comme étant l’une des artistes majeures du champ chorégraphique contemporain, présentera sa nouvelle création les 28 et 29 juin, au Studio Bagouet, à poursuivre avec une soirée durant laquelle seront présentées les pièces L’Onde et Le Cercle (ci-dessous ©Zed), construites autour de l’idée du lâcher-prise (2 juillet). Le public aura également l’occasion de découvrir La Procession, le 30 juin(retrouvez l’interview de Nacera Belaza au sujet de La Procession créée au MuCEM en 2015).

Eszter Salamon propose au public une performance, une installation et un film rassemblés sous le titre The New Planet, pour lequel elle tisse un autre rapport à l’Histoire. Pour MONUMENT 0.7 : M/OTHERS (25 et 26/06), la chorégraphe dansera avec sa mère Erzsébet Gyarmati et explorera la relation mère-fille. Avec MONUMENT 0.9 : REPLAY, précédé du film Reapparence (2 et 3/07), spectateurs et danseurs se retrouveront au centre d’un écosystème où architectures vivantes et non vivantes cohabiteront.

Donner à voir des créations des Centres Chorégraphiques Nationaux

Cette année, le brillant directeur du CNDC – Angers Noé Soulier foulera pour la première fois le plateau de Montpellier Danse. Il présentera First Memory, les 27 et 28/06, où il sera question de saisir les expériences primordiales du corps et du mouvement (à lire les retours sur Noé Soulier ici et ).

De la transmission à Montpellier Danse

Robyn Orlin transmettra à Nadia Beugré son solo In a corner the sky surrenders… unplugging archival journeys… #1 (for Nadia) -21 et 22/06- et au public une partie de son enfance passée à Johannesburg en créant we wear our wheels with pride and slap your streets with color… we said « bonjour » to satan in 1820… avec les danseurs de Moving Into Dance Mophatong Organization -25 et 26/06- .

Hommages

Deux soirées exceptionnelles à ne pas rater sont proposées dans cette édition. Elles rendront hommages à deux hommes qui sont intimement liés à l’histoire de la danse à Montpellier : Raimund Hoghe (à lire un retour sur l’une de ses dernières oeuvres ici) et Dominique Bagouet.

An evening with Raimund, les 26 et 27 juin, permettra de traverser les fragments de pièces chorégraphiques de 2002 à 2019 et sera l’occasion de voir sur scène ses plus proches interprètes. Raimund Hoghe a vu pratiquement l’ensemble de ses pièces programmées à Montpellier Danse.

Si il y a un chorégraphe à qui Montpellier doit beaucoup en matière de danse, il s’agit de Dominique Bagouet qui fut le premier directeur du centre chorégraphique national de Montpellier. La soirée du 3 juillet sera l’occasion de (re)découvrir Necessito, pièce pour grenade, sa dernière pièce, recréée avec l’Ensemble chorégraphique CNSMD de Paris (ci-dessus ©Ferrante Ferranti). La reconstruction chorégraphique se fait sous la direction de la chorégraphe Rita Cioffi (retrouvez une interview de la chorégraphe autour de son travail avec Dominique Bagouet ici).

Muriel Boulay a été l’une des interprètes de Dominique Bagouet. Pour Danseuse, à voir les 30 juin et 1er juillet, elle feuillette sonparcours singulier d’interprète qui traverse 25 ans de danse classique puis contemporaine. Un beau regard sur l’histoire de ce qui anime tant le public de Montpellier Danse : la Danse avec une majuscule.

Montpellier Danse à travers la ville et la métropole

Afin de faire le tour complet des propositions, les chorégraphes Anne Lopez, Sylvain Huc et le GUID – Ballet Preljocaj investiront les rues de Montpellier et alentours du 24 juin au 3 juillet. Ces spectacles conçus pour l’espace public recontrent un immense succès. À noter également, les Grandes leçons de danse avec les artistes invités de la 42ème édition, où tout un chacun et quelque soit son niveau partage ce moment convivial pour débuter la journée en danse !

Laurnet Bourbousson

Montpellier Danse, du 17 juin au 3 juillet 2022. L’ensemble de la programmation sur le site montpellierdanse.com. Les réservations sont déjà ouvertes !

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Me notifier des
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Partager
0
Would love your thoughts, please comment.x